Le concept de tâche complexe ne remet-il pas en cause certaines représentations de l’enseignement ?
En effet, l’apprentissage par situations complexes implique un changement de posture du
formateur. Cette approche s’inscrit dans la droite ligne des approches socio-constructivistes en
permettant aux apprenants d’élaborer leur propre savoir grâce à la mobilisation d’un ensemble
de ressources internes et externes.

La quasi-autonomie de l’apprenant lors de la réalisation de l’activité résulte bien d’une
redéfinition et du rôle du stagiaire et de celui du formateur. Pour autant, le « lâcher-prise » du
formateur ne signifie pas une perte de contrôle. Le formateur intervient, non par pour donner
des réponses, mais pour guider l’apprenant vers une stratégie de résolution grâce à un jeu de
questions posées en fonction de ses observations.
C’est la logique du processus qui est privilégiée et la résolution du problème qui prévaut. Il s’agit
de construire des savoirs tout autant que de savoir des choses.
Enseigner la résolution de tâches complexes peut cependant parfois être source de frustration :
Les résultats ne sont pas toujours immédiats et le processus d’acquisition des stratégies s’opère
sur un temps long ;
Les stagiaires engagent spontanément des procédures simples ou faciles au détriment de
connaissances ou procédures plus adaptées apprises récemment. Ce processus est pourtant
normal dans la résolution de tâches complexes et c’est avec le guidage du formateur qu’ils
parviendront à s’en emparer ;
L’approche nécessite la remise en cause de l’élève qui est en nous. Le fait de transmettre sa
façon de faire ne constitue pas toujours une aide efficace ! Cela impose donc de se défaire de sa
manière de penser pour aller vers celle de l’apprenant ;
Ces séquences nécessitent plusieurs séances afin de donner le temps nécessaire à la résolution.
Pourtant, le jeu en vaut la chandelle !
L’entraînement aux tâches complexes est un formidable outil de différenciation pédagogique et
d’enseignement par les pairs ;
Il permet l’émergence de procédures personnelles, de plus en plus expertes et automatisées au
fur et à mesure de la pratique ;
Il permet de travailler l’autonomie et l’anticipation ;
Il renforce la motivation en rendant les apprenants acteurs de leurs apprentissages ;
Il permet de résoudre la question des niveaux hétérogènes dans un groupe, les plus avancés
pouvant rechercher une procédure inédite ou être moteur dans le groupe,
Il permet d’évaluer positivement des connaissances et des compétences, le formateur
choisissant parmi un éventail de compétences celles qu’il souhaite évaluer.
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